mercredi 3 octobre 2012

Arthamios de Luc Van Lerberghe



Comme annoncé le 25 septembre , je vous présente plus longuement Arthamios de Luc Van Lerberghe et et l'Ellipse de Gilles Warembourg :

Arthamios, le tome 1 de Chronique d'un esprit vagabond de Luc Van Lerberghe (Editions Midgard, 2012)

Lorsque Rahauric, un géant, trouve dans la forêt des ombres un jeune homme amnésique qui ne se souvient que de son nom : Arthamios, et qu’il prend conscience de ses pouvoirs magiques, il décide de le confier à son ami le mage Aqualis. Dans ce monde où chaque magicien est détecté dès l’âge de  8 ans, l’apparition d’un sorcier adulte soulève de nombreuses questions et Arthamios et ses amis se retrouvent traqués par les troupes de Salarios, le tyran qui règne sur les hommes. Alors qu’il cherche à maitriser ses pouvoirs et à faire la lumière sur ses origines, Arthamios va rencontrer au cours de sa fuite les opposants à Salarios qui ne savent pas s’il faut voir en lui un espoir ou une nouvelle menace.

Quelques mots sur l’auteur pour débuter cet article. Né en 1973, Luc Van Lerberghe aurait parfaitement pu s’inscrire dans la nouvelle génération française d’auteurs de littératures de l’imaginaire qui s’est imposée au début des années 2000 et symbolisée pêle-mêle par Johan Heliot, Jérôme Noirez, Charlotte Bousquet, Fabien Clavel et bien d’autres,  mais son parcours est tout autre.
Juriste de formation, il arrive dans le milieu littéraire sur le tard même si sa biographie nous apprend que l’écriture tient depuis longtemps une place importante dans sa vie.
La référence aux auteurs évoqués ci-dessus n’est  pas anodine : écrivains prolixes, ils ont cherché à se détacher partiellement de l’influence anglo-saxonne pour construire des univers originaux.
Il me semblait donc intéressant de voir si ce nouveau venu en fantasy s’inscrivait dans l’héritage des grands auteurs anglo-saxons ou s’il cherchait à s’affranchir de leur influence.
Ayant terminé ma lecture de ce roman, j’ai souhaité, par curiosité, découvrir ce que les internautes pensaient de ce livre. Il s’avère que les quelques critiques que j’ai pu lire ne recoupaient que partiellement mon opinion sur ce livre, ce qui m’a poussé à rédiger cet article.
Globalement, Arthamios est présenté comme un roman d’heroic fantasy classique, relativement facile d’accès et enthousiasmant quoique légèrement répétitif. Si le caractère accessible et ludique me parait correspondre parfaitement à ce roman, il y a toutefois une nuance notable à apporter à la présentation de ce roman : il ne s’agit pas d’un roman d’heroic fantasy.
Cette remarque peut paraître aussi péremptoire que tatillonne, mais les anglo-saxons classeraient ce roman en low fantasy, terme qui n’a pas forcement d’équivalence en français mais qui correspond à un sous-genre de la littérature fantastique (définition Wikipédia :  une œuvre dans laquelle un monde imaginaire communique avec le monde " normal ")
Si la confirmation que le personnage d’Arthamios est étranger à ce nouveau monde n’est explicite qu’à la fin du roman, de nombreux indices, les rêves du personnage notamment, nous mettent sur la voie de cette hypothèse assez rapidement.
Comme évoqué précédemment, la distinction entre heroic fantasy et low fantasy peut sembler n’être qu’une affaire de puriste sans aucun impact sur la lecture de ce roman, toutefois l’influence sur la structure de ce roman et la perception que l’on peut en avoir me semblent majeures.
Par rapport à la question soulevée au début de cet article, à savoir les influences qui ont nourri l’auteur, le fait de présenter ce roman comme un récit de low fantasy nous amène à d’autres références. La low fantasy fera l’objet d’un article à part entière ultérieurement sur ce blog,  mais on peut dire dès maintenant que les principales références du genre se trouvent chez les écrivains anglo-saxons et les mangakas japonais.
Sachant quelles ont pu être les influences de l’auteur, voyons comment Luc Van Lerberghe a joué avec elles pour nous offrir une œuvre originale.
Son choix, que je trouve plutôt judicieux, a été, plutôt que de jouer sur la forme qui s’avère de facture classique quant à l’univers dans lequel le héros se voit projeté, de jouer avec les règles tacites du genre. Globalement, même si l’on ne peut être exhaustif avec un genre aussi vaste, la low fantasy correspond le plus souvent à un récit dans lequel le héros, guidé par une force supérieure, est amené dans un autre monde pour le sauver en étant conscient de son rôle.
Arthamios, s’il apparaît rapidement comme porteur d’espoir pour lutter contre la tyrannie incarnée par Salariosne comprend pas la raison de sa présence en ce monde.
La structure du récit est donc inversée par rapport à une saga classique du genre qui voit le héros apprivoiser progressivement sa destinée pour se préparer au combat final.
Dans Arthamios, le premier tome sert plutôt à ancrer le personnage dans son nouveau monde, lui permettre de rencontrer l’amour tout en aiguisant ses pouvoirs en attendant des révélations qui viendront dans les tomes à venir.
Parmi les références potentielles de l’auteur ou les œuvres que ce récit peut vous donner envie de découvrir, on peut citer deux romans :
-Le Chevalier-mage (édité par Calmann Levy, 2005) de Gene Wolfe, classique du genre qui voit un adolescent américain partiellement amnésique se réveiller dans le monde Mythgarthr pour y devenir un puissant chevalier-mage.
-La Septième épée (édité par Omnibus, 2010) de Dave Duncan dans laquelle un homme se réveille après son décès dans le corps d’un puissant guerrier barbare mandaté par une déesse pour combattre de puissant sorciers, livre qui se rapproche d’Arthamios à la fois par la méconnaissance du monde que manifeste le héros, mais également par la compétence qu’apporte au héros sa connaissance de la technologie.


Mais également deux mangas déclinés en séries d’animation japonaise :
-Berserk (édité par Glénat) de Kentaro Miura, avatar le plus récent et connu du grand public de la figure du berserker issue des mythologies nordiques et germaniques.
- Vision d'Escaflowne (édité par Pika) de Katsu Aki dans lequel le personnage de Dornkirk, empereur de l'empire Zaïbacher présente quelques similitudes avec le personnage de Salarios.

Pour conclure sur ce livre, on peut dire qu’Arthamios, malgré quelques lacunes au niveau du rythme et du caractère répétitifs de certains événements, lacunes liées sans doute partiellement au fait qu’il s’agisse d’un premier roman, se révèle un récit agréable aux références intelligemment utilisées et qui constitue une bonne introduction (638 pages malgré tout mais les auteurs de fantasy sont rarement concis) à une série qui peut encore gagner en densité et en maturité.

(article sur l'Ellipse de Gilles Warembourg le 5 octobre)
                                                                                                                                           
Damien Moutaux (Médiathèque La Corderie - Marcq-en-Baroeul)




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