dimanche 20 mai 2012

Eragon et l’héritage de Tolkien remis en cause 2/3

Les dragons compagnons et montures :

Dans le 3ème volet de la trilogie Le Seigneur des anneaux, Le Retour du roi, réalisée par Peter Jackson, les Nazgûl réapparaissent, chevauchants d’immenses créatures ailées semblables à des dragons (ce choix esthétique, influencé par les illustrations de John Howe, est postérieur à l’œuvre de Tolkien qui décrivait plutôt ces créatures comme des ptérodactyles).

Deux œuvres vont contribuer à développer une approche positive des dragons, en tant que montures et compagnons des héros, voire en tant que race à part entière capable d’héroïsme.

- Tout d’abord la parution en 1968 du premier tome de la Ballade de Pern d’Anne McCaffrey. Cette œuvre, mélange de fantasy et de science-fiction, met en scène des dragons créés par ingénierie génétique et chargés de protéger leur planète avec leurs cavaliers.

- En 1974 débute l’aventure Donjons et dragons, premier grand jeu de rôle médiéval-fantastique. Parmi les univers proposés aux joueurs, on peut distinguer celui de Mystara qui se caractérise par l’existence d’une nation des dragons, lesquels possèdent les mêmes caractéristiques que les autres créatures du jeu et notamment la notion d’alignement. Ainsi, de même que les elfes sont généralement voués au bien alors que les orcs sont souvent maléfiques, il existe un large panel de dragons, de l’or au noir, aux motivations totalement dissemblables.
A noter que cet univers a donné lieu à une série de romans : Les Chroniques du Chevalier-Dragon de Thorarinn Gunnarsson, malheureusement plus édités actuellement.

Les auteurs, notamment ceux issus des jeux de rôle, ont souvent par la suite repris cette approche des dragons, à savoir une race complexe ayant en son sein des individus maléfiques, neutres ou voués au bien. Ainsi, l’un des héros du Cycle de la Guerre de la faille de Raymond Elias Feist, réincarnation d’un Seigneur dragon, voit sa monture et amie se sacrifier lors d’un combat avec un démon.
Pour la jeune génération en particulier, l’image du héros chevauchant un dragon pour combattre le mal est avant tout associé à la tétralogie L’héritage de Christopher Paolini, l’auteur offrant avec cette série l’une des relations les plus développée de la fantasy entre un dragon et un humain.

La série actuelle comparable en terme de mise au premier plan des dragons se déroule dans un cadre très différent. Il s’agit de Téméraire de Naomi Novik, une uchronie se passant à l'époque des guerres napoléoniennes et où les dragons sont utilisés comme armes par les belligérants pour se disputer la suprématie aérienne.
On retrouve une approche assez similaire dans Rosée de feu de Xavier Mauméjean, dans laquelle les pilotes de dragons japonais tentent de s’opposer à l’avancée des troupes américaines en 1944 par des missions suicides.
Dans Les dragons de la cité rouge d’Eric Wietzel, Alec Deraan, chasseur de prime solitaire ayant pour seul ami un dragon, est sollicité pour sauver un jeune prince pris au piège d’un complot visant à ressusciter d’ancestraux dragons maléfiques.

Dans la plupart des œuvres évoquées précédemment, les dragons, qu’ils soient ennemis ou alliés des hommes, sont présentés comme intelligents, mais une série rompt totalement avec cette idée : Dragon master de Chris Bunch, dans laquelle ils apparaissent comme de simples animaux susceptibles d’être montés. L’ambiance de cette série, écrite par un ancien correspondant de guerre au Vietnam, se rapproche du film Cheval de guerre de Spielberg.


(à suivre)

Damien Moutaux (Médiathèque La Corderie Marcq-en-Baroeul)

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